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29 avril 2009 3 29 /04 /avril /2009 17:25

Rouge sang, épines et mon cœur saigne de s’être piqué  silencieusement![i]

 

Hier pour la première fois depuis longtemps, j’ai enfilé un manteau, mon manteau d’épines. Cet habit-là ne se porte pas…invisible, il colle comme une seconde peau, semblable à  un parasite si bien adapté  qu’il n’est pas possible de vraiment le sentir. Cette surcouche se  trouve à mi-chemin entre les autres et moi-même, empêchant ainsi le contact qui me permet d’être en relation. Il l’empêche, car les épines ont une fonction de protection : ne pas se laisser atteindre,  toucher et parfois même approcher. Elles ont ce côté piquant, acéré qui crie muettement : « Fais attention ! A vouloir t’approcher si près,  tu risques de te blesser ».

Les épines sont ce venin qui empoisonne, le contact authentique dans les relations, s’il n’y a pas d’antidote. Elles se déploient inévitablement dans le contact que la personne a avec son environnement. Un bourdon, il pique parce qu’il y a un contact avec le bras qui a voulu le mollester, non ?

 

Blessé ?  Le véritable poison est le silence qui enveloppe et enferme la souffrance de façon à ce qu’elle ne puisse être exprimée. Les épines[ii] semblent vouloir protéger ceux qui les revêtent, déjà touché en profondeur par une souffrance que l’on ne voit pas, murée à l’intérieur du cœur, à l’intérieur du corps… .

Et si elles traduisaient une vraie tentative non-consciente d’exprimer, le mal être dissimulé avec conscience ou non ?! La blessure transparaît alors sur les pics hérissés.

 

Une fois seule avec moi-même[iii], je recontacte ma souffrance lanscinante d’une manière plus précise et alors mon manteau d’épine se rétracte pour disparaître. Plus de danger, juste une tristesse et les traces amers de m’être sentie seule, même entourée des personnes que j’aime. Seule avec une blessure qui se réveille et murmure des mots d’angoisse que j’entends à l’intérieur de mon ventre. De quoi ai-je peur ?

 

 

Pour mieux comprendre les différentes facettes de l’épinuhme[iv] et ses  fonctions, voici mon bestiaire :

 

 



La Rose  

 

Belle, aux pétales fragiles et à la senteur exquise, elle  est insaisissable si les précautions d’usage ne sont pas respectées pour la couper. La Rose ne peut pas être cueillie en fermant les yeux.

 

 


 
L’oursin                

Il plonge dans les profondeurs. Il ne sombre pas, il ne se noie pas, il sonde… l’obscurité. Et il ne se laisse pas marcher dessus !

 



 

Le porc épic

  Ah le porc épic (mon préféré), grand lanceur d’épine, s’il se sent agressé, menacé, approché de trop près. C’est le spécimen de combat et ses pics peuvent contenir du poison… Attention !  

 

 


Le bourdon                                                                            

Le bourdon n’était pas prévu au départ dans le bestiaire, c’est normal vu que le printemps vient juste de se présenter…accompagné des bourdons. Alors j’ai demandé : « ça pique un bourdon ? », « ben, je sais pas et j’ai pas envie de vraiment le savoir ». Est-ce que le bourdon pique ? Je ne le sais toujours pas, mais quand on a des épines…le bourdon n’est jamais très loin….

 

 

Le hérisson

Il ne bouge plus, attend que le danger passe (un peu comme l’opossome). Il est patient le hérisson, il attend encore.  Puis s’il est approché de trop près et que ses limites ont été dépassées, il se met en boule et cache son museau, pour ne pas être touché !



Le Homme                                                                           

Généralement,  presque  toujours souriant dans les situations ordinaires, ses épines sont indétectables à l’œil nu. C’est dans le contact, lors d’une rencontre avec un ami (par exemple) que les épines se révèlent. Naturellement, comme le Homme est l’espèce du bestiaire la plus intelligente, il se sert de toutes les techniques épineuses de protection, jusqu’à attraper sans s’en apercevoir  l’épinuhme aigüe ! Aïe !!!

 

 

 

Mes épines sont ces mots que je dis et les gestes que je fais intentionnellement qui travestissent mon désir le plus profond en le déguisant de son opposé.

Elles peuvent être la solitude, la souffrance, l’aigreur, la viloence aussi…, le cynisme. Elles sont dans les gestes, les paroles, les non-dits, les manières de dire, les colères inexprimées, les souffrances non-dites, les blessures cachées,  les silences mutiques.

 

Certaines sont un commouflage celui de la quotidienneté : les épines c’est faire comme si tout allait bien alors que ce n’est pas vrai. A ce moment-là, la tendance est à s’agiter, à vouloir faire beaucoup de choses, énormément…la quotidienneté à cet étonnant pouvoir, car elle déploie un assortiment de cachettes, des millions, tellement que desfois on peut s’y perdre sans s’en rendre compte ou courir droit dedans pour se fuir.

 

Mais toujours les épines sont une expression, généralement d’un mal-être ou encore une tentative de communication aussi maladroite soit-elle. Les épines sont merveilleuses et magiques, car elles rappellent les sensibilités de chacun et les précautions à prendre pour respecter les limites, tout en essayant de garder le contact. Les épines sont un language qui ne demande qu’à être écouté… .

 

 


[i] Clin d’œil à mon ami Baudelaire, à tous ses sourires et à sa poésie !

«Qu’importe ce que peut être la réalité placée hors de moi si elle m’a aidé à vivre, à sentir que je suis et ce que je suis.» Baudelaire

[ii]  Mon postulat : les épines sont le symptôme de la souffrance ressentie par la personne  qui s’en sert comme protection. Cette souffrance provient la plupart du temps d’une blessure qui n’a pas pu être exprimée (donc rétrofléchie).  Non-dite, elle est donc gardée en silence à l’intérieur.

Les personnes souffrantes d’épinuhm aigüe peuvent en être conscientes ou non, cela dépend du degré de la conscience,  de la blessure et des stratégies de dissimulation de la souffrance (et de bien d’autres choses…)

[iii] Seule avec moi-même, ce moment amène l’hypothèse que les épines peuvent agir et être agies sans s’en rendre compte. C’est le moment de la prise de conscience, car seul avec soi-même, le temps se ralentit et les risques de fuir par diversions sont moins nombreuses.

Ces moments de solitude face à soi-même, sont des moments de vide et de conscience sans télévision, musique, alcool, peinture, drogue, livre et autres, car les conduites qui deviennent automatiques peuvent être des mécanismes de fuite déguisés.

[iv] Bien entendu la liste n’est pas exhaustive, ne vous gênez pas d’en rajouter dans les commentaires…

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