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23 septembre 2009 3 23 /09 /septembre /2009 19:26


L'histoire d'un amour impossible sculpté par Rodin :


L'oeuvre de l'artiste est une projection de lui-même ou tout au moins d'une partie de lui-même. Dans son oeuvre l'artiste raconte, dévoile donc qui il est ou une partie de qui il est à un moment donné. Et pour Rodin, l'important dans son art était de capturer un instant de vie et de le transmettre avec l'authenticité du mouvement...
J'imagine de Rodin un homme qui aime les femmes, la féminité et le sexe féminin avec la passion d'un homme qui laisse son désir exister (dans son art) et des frustrations qui en découlent (société, moralité, réputation, ...). "Seul celui qui ne désire pas accède a un état de plénitude au delà de tout tourment"... Rodin est désir, Rodin est passion, Rodin est charnel, animal. Rodin est tourment!
 
Le désir a amené cette femme et cet homme à se dévêtir, enlever leurs habits comme s'ils enlevaient leur masque. Les personnages qu'ils jouent dans la quotidienneté ont laissé la place à l'authenticité de qui ils sont dans l'instant. Une femme qui s'offre et qui accueille un homme dans sa fragilité de ne pouvoir s'accueillir dans son désir. Sa position légèrement surélevée fait penser à un pied d'estale. Comme si cette femme n'est pas seulement elle-même, mais qu'elle représente toutes les femmes, la féminité, la Femme Sexuée. Elle ferme les yeux. Son corps est légèrement penché en arrière. Elle trouve son équilibre en prenant un appui (presque aérien) sur son pied. Sa tête est inclinée en avant en direction de l'homme qui se trouve à mi-hauteur. Elle s'expose, elle s'offre à son regard. Elle existe. Elle existe pleinement dans l'instant présent (dans ses sensations et en lien avec cet homme qui l'embrasse), avec présence et conscience.
Son autre main tendue (voir le reflet de la statue sur la vitre, 2ème image) paraît être une invitation à l'homme de la rejoindre sur la hauteur où elle se trouve et sur laquelle elle a était posée, mise (un peu comme un objet qu'on admire et qu'on ne peut/veut pas toucher de peur de ...). Comme si cette femme ne pouvait s'abandonner totalement, consciente d'un rôle qu'on lui a donné à jouer. Elle n'est pas la tentatrice, celle qui invite à la luxure pour le plaisir de la luxure. Elle est l'initiatrice, celle qui invite l'homme à se reconnaître lui-même dans ses désirs, dans le sentir, dans sa puissance d'homme sexué (elle ne serait pas sur un pied d'estale sinon et dans le baiser délicat de l'homme, on peut y voir la marque de son respect)

.Paris - Musée Rodin: L'Eternelle Idole par wallyg       


L'homme est comme agenouillé, devant cette femme surélevée, il s'appuie à moitié sur elle et le pied d'estale pour baiser son corps de toute sa passion qu'il s'interdit. Son élan est d'aller vers cette femme qui l'accueille sans aucun artifice ou travestissement et il retient ce mouvement en capturant ses bras pour s'empêcher de toucher.
Le respect qu'ils se portent se traduit par le baiser délicat, passionné et scellé par la pierre qu'il se permet sur une partie non sexuée de son corps et son respect à elle, c'est cette main qu'elle tend et qui l'invite en allant pas au-delà du rythme de son partenaire. Elle n'oublie pas le pied d'estale sur lequel on l'a installée.
Cet homme (rodin par exemple), grand, puissant et majestueux dans sa stature, s'agenouille devant ses représentations qu'il a de la Femme. Il a la peur viscérale de se laisser aller à la toucher avec sa passion et son désir et ainsi de la souilller (l'image blanche, pure et lisse qu'il se fait d'elle), alors il l'éloigne en la surestimant, en l'admirant avec passion comme une divinité. Il cache son sexe (désir, puissance, passion, amour, ...) dans un pied d'estale construit par la seule pensée.
 A ne pas agir son désir, l'homme garde donc sa représentation de la Femme intacte, il ne rencontre pas la "pute bestiale avide de sexe" (polarité) qu'il porte également en lui-même. Elle l'invite par son corps, son sexe et sa main tendue (qu'il accepte à moitié) à la considérer avant tout comme une femme, dans son unité (pute et déesse, animale et humaine, sauvage et civilisée, etc...),une femme humaine avec ses ombres, ses lumières, sexuée sans jugement, dans un désir d'accepter ce qui est.
 
Scellé dans la pierre, le mouvement du désir est immobilisé...est-ce que si l'histoire continuait... Que feraient-ils? Qui sont-ils?
Est-ce qu'ils resteraient dans cette position afin croire que la Beauté des représentations sociales existe au détriment de la beauté du fait même de l'existence, du désir, du désir d'exister, de se sentir exister... de la sexualité, de toute sa puissance et du vide, du néant qui suit l'acte?!
 
C'est l'histoire d'un amour impossible, d'une passion inassouvie et d'un désir inavouable d'un homme qui aime la feminité (les femmes sexuées) et qui l'a transcendée par son art. C'est Rodin qui s'agenouille devant cette Femme sacrée sur le pied d'estale sur lequel, il l'a mise parce qu'une fois qu'il aura couché avec elle, elle ne sera que cette femme avec qui il a couché et elle n'aura plus d'intérêt!? Je me demande s'il a couché avec toutes les femmes qui lui ont servi de modèle? Et s'il a fait, je me demande s'il s'est accueilli avec amour et beauté pour ce qu'il est..... Vénéré la femme et son sexe ou la traiter en tant qu'objet (c'est un peu la même chose, n'est-ce pas une façon de ne pas regarder sa propre condition!? son propre vide....)

Bien sûr Rodin raconterait sûrement une autre histoire et alors? Vive les projections et les belles histoires.....qu'une oeuvre d'art peut inspirer.










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commentaires

P
<br /> J'ai bien aimé cette manière de parler du désir. L'homme lui, sent la chaleur du sexe de cette femme sur son thorax. Ils restent éternellement ainsi dans un désir partagé.<br /> Ils ne vont pas plus loin pour que le désir reste éternel.<br /> <br /> <br />
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